Robert AUFAN  , 56 bd du Pyla, 33260 La Teste de Buch (France) est seul titulaire de l'intégralité des droits d'utilisation et d'exploitation des textes et des  documents (schémas, cartes, photographies…) utilisés sur ce site. Ces fonds sont exclusivement réservés à un usage non commercial. Toute utilisation à des fins d'édition est donc rigoureusement interdite.En tout état de cause, toute diffusion des documents devra comporter l’indication d’origine.

 

                                                               LA NAISSANCE d’ ARCACHON

 

V- LE POIDS DES VENTES SUR L'EVOLUTION DU STATUT USAGER.

 

Nous avons précédemment constaté que, si les vendeurs initiaux se sont enrichis, c'est surtout par rapport aux autres propriétaires de la Forêt Usagère dont les charges s’alourdissaient à cause de leurs ventes répétées : 273 lots ayant été, de fait, soustraits à l’usage.

En effet, le massif était, dans son entier, grevé de droits, et toute diminution des parcelles usagères augmentait la charge qui pesait sur les autres propriétaires de la forêt puisque le droit des usagers était

universel et sans limites.

Comme d'autre part les constructions ne pouvaient que gêner l'exercice du droit d'usage, multipliant les obstacles à la pénétration du massif, il est temps de nous demander maintenant si les propriétaires avaient le droit de construire et de clore, quelle fut la réaction des autres ayant-pins et que fut celle des représentants légaux des usagers, les élus municipaux..

 

A) LE DROIT DE CONSTRUIRE ET LA RÉACTION DES ÉLUS.

 

1)   Pouvait-on construire ?

 

Le droit de construire est incontestable ; il a d'ailleurs était confirmé plus tard, le 30 janvier 1888 (procès Sémiac-Brannens contre les syndics), par le Tribunal de Bordeaux qui avait à juger d'une affaire de construction en forêt sur les bords du lac de Cazaux (1)

En effet, jusqu'en 1977, où la forêt usagère de La Teste a été inscrite à l'Inventaire de Sites, puis «en espace boisé classé à conserver», les transactions ne se sont jamais préoccupées des constructions mais seulement de la coupe des arbres.

On pourrait certes estimer que, si les textes n'en parlent pas, c'est que le droit de construire n'existait pas. Mais les transactions n'ont parlé que des rapports entre ayant-pins et non ayant-pins, c'est-à-dire des droits des uns et des autres sur les arbres ; il n'a jamais été question du sol dont le caractère «privé» reconnu depuis 1604, fut confirmé en 1759. Il n'y avait donc pas lieu de codifier, dans des textes contractuels, les droits des propriétaires.

Un exemple permet d'illustrer notre thèse : la forêt de La Teste a toujours produit du goudron, ce qui supposait l'utilisation d'arbres ; or jamais il n'en a été question dans les transactions car cela ne regardait que les propriétaires(2).

De plus, si l'article 12 de la Transaction de 1759(3) précise que chaque propriétaire «dans son fonds pourra couper ainsi que bon lui semblera» à condition d'en avertir les syndics, lors de la ratification de ce texte, une précision importante fut apportée. Il fut ainsi indiqué « chacun desdits propriétaires qui aura besoin de pin vert pourra le prendre dans les pièces des autres propriétaires sur l’indication qui lui sera faite par les préposés, ou l’un d’eux, à la coupe dudit bois, lequel avertira, à cet effet, afin que ladite coupe se fasse  par rang et ordre sans frustrer personne suivant les transactions de 1604 et 1746, en sorte qu’au dit cas il soit tenu couper dans son propre fonds, si c’est son rang, proportion gardée néanmoins à ce qu’il pourra supporter afin de n’en souffrir aucun préjudice et qu’il ne soit pas plus foulé que les autres »

Ainsi le propriétaire est soumis aux mêmes règles de délivrance que les autres usagers et n’est pas libre d’utiliser les pins qui poussent sur sa parcelle.

Que peut-il faire du bois ?

Comme les autres usagers, à condition qu'il habite le Captalat, il peut l'utiliser pour ses besoins personnels et donc construire puisque le sol lui appartient, s'interdisant par contre de vendre le bois et de louer la maison édifiée.

Il doit cependant se comporter «en bon père de famille»  selon le texte de 1604, en évitant de détruire le fonds forestier; mais rien ne l'empêche de construire dans une clairière, c'est le cas des cabanes, voire en bordure de plage, comme c'est souvent le cas au début, si les syndics représentant les propriétaires et chargés de veiller à ce que la charge de l'usage soit équitablement répartie entre tous, ne le lui interdisent pas.

 

Quelques exemples, parmi d'autres, relevés dans les actes notariés confirment cette possibilité de construire s'il n'y a pas d'arbres :

 

-La parcelle A 15 sur laquelle Duprat installe son établissement est en1822 un «vacant» en bordure de bassin(4). Sa reconnaissance féodale de 1782(5) mentionnait déjà : «maison servant de corps de garde, place et terre où il y avait autrefois un jardin». II a donc tout à fait le droit de construire.

 

-Pour celle que Lamarque achète au même Duprat en 1841, il est précisé qu'elle se compose de«pinadas et pelous», donc d'une clairière(6). En 1844, Johnston, puis Cutler deviennent, le 17 janvier, les propriétaires de «sables et pinadas» qui leur sont cédés par Nelly Robert(7) dont ce sont les deux premières ventes : deux résidences y seront construites en bordure immédiate de la plage, ce qui servira de précédent.

 

-En 1847, Julien Dmokowski, dans la pièce de Bos, échange une parcelle de «sable blanc, parsemée de quelques pins » (8) sur laquelle il sera ensuite construit.

 

-En 1850, Louis Bourquin, horloger à Bordeaux, puis Martin Dasté, sacristain à La Teste, achètent chacun à Alexandre Jéhenne un «emplacement parsemé de quelques pins»(9).

 

-En 1851, c'est une «friche» qu'acquiert A. Dehilotte Ramondin, pâtissier à La Teste(10).

 

Pourtant les excès vont assez rapidement entraîner des «réactions».

 

                   

                     

                  Villa construite en 1847, en bordure de plage, par Jean Frédéric Gièze, négociant à Bordeaux

                 Dessin de Léo Drouyn (25 Août 1848)in »Le bassin d’Arcachon et la grande lande CLEM 1998)

 

2) La réaction des élus(11).

 

Il est remarquable que la première affaire grave qui émeuve le Conseil soit, le 16 septembre 1848, l'affaire Mérillon. Celui-ci, «étranger», avait coupé tous les arbres pins d'une parcelle achetée à Legallais et le garde Dutruch lui avait, le 4 août, dressé procès-verbal.

Comme il est Bordelais, le droit «de couper dans sa propriété pour construire dans le Captalat» lui est très justement contesté. Mais le Conseil Municipal, sans contester la faute, estime que les transactions ne «sont pas explicites» !!! et se pose la question suivante : si tous ceux qui se trouvent dans la même position agissaient comme lui, «la masse des usagers trouverait-elle plus d'avantages aux travaux que font effectuer ces individus qu'à profiter des bénéfices que leur rapportent ces parcelles dans leur état d'intégrité?».

 

       Le Conseil unanime estime donc que les usagers sont en effet dédommagés de leurs droits «par le bien-être qu'apportent dans le pays les travaux exécutés dans le sens de ceux de M. Mérillon». Il décide donc de ne pas poursuivre car «l'usage des bois employés par M. Mérillon est trop profitable à la prospérité du Bassin». Pour bien comprendre le réalisme de cette position, il faut savoir que, sur 24 conseillers, 14, dont le Maire, sont propriétaires ou parents de propriétaires d'Arcachon.

En 1850, ce sont quatre habitants de Sanguinet qui sont verbalisés : sur ordre de Dupau, charpentier, «coutumier du fait», ils portaient du bois chez Monsieur de Marpon. En 1851, une autre affaire concerne une vente « considérable d'arbres par Mme Lafon née Jéhenne», mais le Maire «n'est pas au courant» !!!

       En 1852, une certain Dasté, qui a acheté une parcelle à Mme Jehenne, est accusé de construire en vue de louer, ce qui est interdit puisque le droit d'usage est strictement personnel et ne peut donner lieu à commerce. Les syndics lui réclament le prix des 42 arbres utilisés, mais le conseil municipal intervient car l'obtention du bois par l'usager valait engagement à ne pas louer et que cet engagement est suffisant aux yeux des élus.

L'affaire fut cependant portée devant la justice et la cour de Bordeaux accepta même, le 11 mars 1853, en violation de l'esprit des textes, que l'on puisse obtenir du bois pour des constructions destinées à la location ! Cette décision resta pourtant lettre morte, les syndics demeurant fidèles aux transactions même si leur interprétation laissait parfois à désirer. En effet, la lettre des textes ne correspondait plus à la situation, à preuve cette protestation en mars 1854 de Catherine Lassère, marchande d'habits, à qui on a refusé du bois comme «étrangère» alors qu'elle exerce depuis 14 ans à La Teste.

      En 1853, le Maire se préoccupe enfin de «l'accroissement des bâtisses et de la population qui risque d'épuiser la forêt» Il était temps puisqu’il  y avait alors 329 habitants contre 112 en 1851 et qu’ils  seront 390 en 1856 ; mais c'est, sur plainte des propriétaires, pour interdire... aux usagers d'utiliser des chablis et des pins incendiés ; il faut, dit-il, «user sans abuser» !

     Enfin, en 1854, ce sont les époux Deganne (Nelly Robert et son mari) qui sont accusés

-de «dégrader leur propriété au point de vue forestier contrairement à la transaction de 1604 qui fait défense aux propriétaires de couper ni dégrader leurs bois et leur recommande au contraire de les entretenir et conserver en meilleur état que faire se pourra et de les améliorer de tous leurs pouvoirs».

En fait, le texte de 1604 précise que les habitants ne pourront «ni autrement couper» (c'est-à-dire au-delà de leurs droits -et le fait de prendre, avec la permission du seigneur et en un lieu indiqué par ses représentants, du bois vert pour construire fait partie de ces droits-), «ni dégrader le dit bois, ainsi l'entretenir en tout leur pouvoir».

- de «vendre un grand nombre de pins soit à des étrangers, soit à des habitants du pays qui devaient les  employer pour des constructions appartenant à des forains et étrangers», ce qui est contraire à l'article 8 de la Transaction de 1759.

Cet article précise en effet qu'il «sera tenu à ce qu'aucun forain ou étranger ne s'introduise dans les dits bois, montagnes, braux et bernèdes, pour y couper, prendre ou emporter aucune espèce de bois...» et «qu'aucun habitant, propriétaire ou non propriétaire ne pourra vendre ni débiter aux forains ou étrangers les bois verts ou secs travaillés ou non travaillés, ni les faire transporter hors de ladite juridiction, le droit d'usage desdits bois étant purement personnel aux habitants pour eux et leurs maisons sans pouvoir en faire commerce».

- de «pratiquer des tranchées» (c'est-à-dire des coupes de bois pour tracer des allées) dans leurs parcelles et de vendre le bois ainsi abattu en bois de chauffage.

       Le conseil estime donc, à juste titre, que cela provoque «l'anéantissement des droits dans les deux pièces».

Il faut dire que dans la seule parcelle d'Eyrac les ventes et constructions vont bon train : 2 en 1851, 14 en 1852, 8 en 1853, 12 en 1854 soit 36 en 4 ans(12) : c'est à une véritable urbanisation systématique que les Deganne se livrent, avec ouverture de rues, en contradiction formelle, on l'a vu, avec tous les textes.

Deux charpentiers testerins, Duprat et Duleau, pour 15 pins, et un ouvrier scieur de long, Pierre Urrety dit «la plume», «étranger à la commune», pour 40 pins, sont aussi compromis et dans la foulée Mme Jehenne (pour la parcelle des Places) et Duprat (pour celle de Bos Matchin et Peymaou) sont accusés de faire de même (50 maisons pour la première et 9 pour le second sur la même période de 4 ans !).

 

Comment réagit le Conseil ?

 

«Afin que d'autres ne fassent pas de même», il décide de faire une enquête complémentaire puis de contacter Gujan (les deux communes sont solidaires), pour engager un procès afin de réclamer une indemnité.

Or, le 23 août 1853, l'année précédente donc, Gujan avait déjà exigé qu'on réclame justement une indemnité aux propriétaires qui «ont abattu ou abattent chaque jour tout ou partie de leur forêt usagère». Cette délibération avait été précédée d'un exposé des motifs dans lequel Eugène Dignac, maire de Gujan avait mis en garde contre la tolérance dont jouissaient les propriétaires d'Arcachon.

Il insistait sur le fait que continuer serait leur reconnaître «le droit de disposer librement de leurs propriétés» et que ce qui se produisait «sans indemnité pour les usagers pourrait se passer ailleurs» et risquait de provoquer, si l'on n'y prenait garde, «l'anéantissement complet des droits».

Très ferme, il ajoutait: «ce que je ne peux admettre, c'est qu'une contrée nouvelle s'établisse et prospère en foulant dédaigneusement aux pieds les droits les plus patents exercés par la commune».

Mais, nous le verrons plus loin, cette déclaration énergique cachait l'essentiel : la volonté de supprimer, contre indemnité, les droits ancestraux des habitants.

Quant à l'affaire Deganne, car celui-ci a attaqué à son tour les syndics, elle reviendra encore les 7 et 17novembre 1855, devant les Conseils de Gujan et de La Teste. Sa condamnation ne sera qu'un baroud d'honneur productif de dommages et intérêts éventuels, mais n'aura, et pour cause, aucune influence sur le déroulement du rachat des droits par les propriétaires, décidé quelques mois plus tôt...

 

B) L'INTERDICTION DE CLOTURER(13).

 

           Mais si l'on peut construire en toute impunité, par contre l'interdiction de clore est absolue.

Ce serait en effet une entrave intolérable à la libre circulation des habitants et donc à l'exercice des droits d'usage. Mais c'est aussi une entrave au développement de la future commune. Comment les propriétaires vont-ils la tourner ?

C'est en 1843 seulement que le Conseil Municipal de La Teste s'est officiellement intéressé au développement du quartier d'Arcachon, preuve qu'auparavant cela se faisait dans l'indifférence quasi générale. La seule mention antérieure dans les registres municipaux, en 1833, précisait quel commune avait «plusieurs établissements de bains dont un considérable» -celui de Legallais-.

 

1) La construction de la route d'Eyrac et du débarcadère.

 

Les élus, donc, le 9 février, face au projet d'un débarcadère, à Eyrac, et d'une route y conduisant depuis La Teste, demandent qu'elle soit prolongée jusqu'à La Chapelle «afin que le propriétaire du fonds situé en face du débarcadère et du port de commerce espéré ne profite à lui seul de vendre parcelle par parcelle à des prix sans concurrence le terrain destiné aux diverses constructions et établissements que nécessitent indispensablement le mouvement et le commerce qui vont être appelés sur ces bords».

Sont visés Marie Dejean, veuve Robert, et sa fille Nelly qui, bien qu'âgée de 27 ans, est encore demoiselle (ce n'est que deux ans plus tard qu'elle épousera Deganne) mais aussi Legallais. Celui-ci, conseiller municipal n'avait en 1841, «jamais assisté aux séances depuis 4 ans» et sa déchéance avait été demandée au Préfet...

Par contre si la route était prolongée, «les propriétaires intermédiaires pourraient faire concurrence pour la vente des fonds avec le propriétaire sur le lieu duquel le débarcadère doit être construit».

II s'agit donc là d'établir l'égalité de tous les propriétaires (8 d'entre eux font partie du Conseil) dansa perspective de profits importants, en quelque sorte de se partager le gâteau espéré, tout en se réclamant du libéralisme ambiant puisque dans la délibération, il est dit qu'il «en résulterait un bien général pour les personnes qui désireraient former des établissements de commerce le long de cette partie du bassin qui est avantageuse pour le mouillage et la sureté des navires».

On rêve en effet d'une liaison entre La Teste et l'Espagne. Dans ces conditions, la nouvelle route permettant de relier la gare et le débarcadère, qui a été réalisé de 1843 à 1845 sous la direction de l'ingénieur Alphand, La Teste se voit déjà comme l'avant-port de Bordeaux.

En 1846, il est précisé lors du Conseil municipal du 29 mai, qu’un vapeur de la Marine Nationale «le Voyageur» mouille dans la rade depuis deux ans et la même année, à partir du 1 juin, date de son premier voyage, le «John Erickson» fit 15 liaisons entre La Teste, Saint-Sébastien et Bordeaux. On comptait 8 heures de mer jusqu'à Saint-Sébastien et l'on espérait rallier Bilbao en 13 heures.

Mais la déconfiture de la Compagnie de chemin de fer ne permit pas de concrétiser les espoirs.

     D'ailleurs, dès le 12 novembre 1844, la voix de Sicard d'Alongny, inspecteur des douanes, s'éleva pour rappeler la réalité, à savoir que le commerce testerin se faisait traditionnellement avec la Saintonge et la Bretagne(14).

Ce commerce maritime, nous dit son rapport, était de 4.018 tonnes à l'exportation dont 3.981 tonnes de produits résineux, et de 2.761 tonnes à l'importation dont 1.926 tonnes de pierre à bâtir dont le pays était dépourvu. Ce dernier chiffre prouve que les retombées des ventes arcachonnaises commencent à se faire sentir.

Il ajoute que le projet de liaison était utopique : «A cet embarcadère doit venir aboutir une ligne de bateaux à vapeur qui, du bassin d'Arcachon, iront sur les côtes d'Espagne. Que transporteront ces bateaux à vapeur ? Des voyageurs ou des marchandises ? Des voyageurs... ! Mais ils s'exposeront, surtout en hiver, à bien des mécomptes sur la durée de leur voyage ; chacun sait combien la mer est rude dans le Golfe de Gascogne. Des marchandises... ! Mais le prix de celles prises à quai à Bordeaux est très à bon compte...»

Comme beaucoup de ses contemporains, il ne voit pas l'importance du tourisme et constate, dépité, qu’il aurait mieux valu construire le débarcadère à La Teste et que la «chaussée des prés salés» ne permettra qu'une chose : «les baigneurs arrivés de Bordeaux pourront se rendre à pied sec de La Teste aux établissements de bains».

La conclusion de son rapport est éloquente : «On dirait en vérité qu'une fée malfaisante préside aux destinées de La Teste, que chacun cependant veut régénérer, embellir et civiliser. Les particuliers y dépensent leur argent sans profit et le gouvernement y dépense le sien sans que le pays obtienne les avantages qu'il serait en droit d'espérer. Il fallait un débarcadère à La Teste, on le fait à Eyrac... ».

Malgré ces opinions défavorables, la décision de remplacer le chemin dit «du hourquet», qui mène à Eyrac, par une route empierrée, avait été prise le 23 octobre 1843.

Mais l'année suivante, le pont sur la craste douce fut emporté et il fallut établir un projet d'écluse, ce qui provoqua une polémique avec les ingénieurs des Travaux Publics ainsi que la visite de leur ministre, M. Dumont, le 18 novembre 1844.

    Une écluse sur la craste signifiait la mise hors d'eau des terrains situés au sud de la route et l'abolition de fait, alors qu'ils en jouissaient depuis le 23 mai 1550, des droits des habitants à l'engrais marin, le coup, qu'ils y récoltaient, ainsi que du droit de padouentage (pacage) encore utilisé en 1839 pour de petits chevaux. Un pont au contraire aurait permis aux marées de continuer à recouvrir ces prés salés.

Mais les services de l'Etat eurent le dernier mot.

     Un autre problème était l'objet de contestations : le tracé de la route. La municipalité, appuyée par les Douanes, soucieuses de favoriser le commerce du port, préférait une route droite de La Teste jusqu'à la pointe de l'Aiguillon. Cela aurait permis de «ménager un embarcadère utile au port de La Teste» car on y déchargeait « les bâtiments caboteurs au lieu dit le Caillou, au moyen de charrettes à bœufs qui font ordinairement 4 voyages par jour, des magasins aux bâtiments» au tarif de 6 francs la journée.

Les Ponts et Chaussées arguèrent du prix trop élevé (140.000 francs au lieu des 80.000 prévus) et la chaussée décrivit la courbe qu'elle suit encore de nos jours mettant hors d’eau les terrains situés au sud.

      Il est intéressant de constater que cette position du maire Jean Hameau contredisait celle qu'avait prise sept ans plus tôt le Conseil présidé par le maire Fleury. Celui-ci avait en effet refusé (séance du 27 mars 1836) un projet de chaussée en ligne droite proposée par le propriétaire des prés salés, M. de Castéja, car il estimait à juste titre que ceux-ci faisaient partie du domaine public maritime et que le bornage des prés salés décidé par l'Administration en 1833 et réalisé en 1834 était contestable.

Ce bornage, s'il reconnaissait la propriété privée des prés salés, ne supprimait pas pour autant les droits d'usage des habitants puisque seul un endiguement, conformément à la loi du 26 septembre 1807, pouvait les abolir. C'est ce que confirmait d'ailleurs le tribunal de Bordeaux le 20 août 1839.

Ainsi, la réalisation d'une chaussée droite aurait hâté l'abolition des droits sur la partie endiguée comme le fit la construction de la chaussée pour les terrains situés au sud.

Le choix des techniciens permit donc à La Teste de conserver en «eau», jusqu'à la construction de l'actuelle digue, la partie de prés salés dénommés «prés salés ouest».

 

2) La circulation à l'intérieur de la Forêt d'Arcachon.

 

C'est à cause de la gêne apportée par les constructions à la libre circulation que le problème des droits d'usage fut pour la première fois abordé par les élus le 27 août 1845.

      Les constructions, dit le Conseil Municipal, deviennent tellement nombreuses et «tout annonce qu'on en bâtira encore davantage», si bien «qu'on peut craindre qu'avant longtemps il ne soit plus possible d'entrer du bassin dans la forêt et vice-versa».

Il est donc proposé de classer un certain nombre de chemins pour «pouvoir exercer facilement le droit d'usage que les communes de La Teste et de Gujan ont sur cette forêt et pour concilier les intérêts des communes et des propriétaires» (en fait, ce ne sont pas les communes qui ont des droits mais les habitants usagers, même s'ils sont, malheureusement pour eux, représentés par les maires).

     Le conseil ajoute que le littoral ayant été «libre d'accès parce qu'il n'était pas habité», c'est «de toute justice de circonscrire les lieux de passage (un chemin de 5 mètres de large par parcelle jusqu'aux relais de la mer), sans nuire aux droits et aux besoins des habitants».

Cette délibération permettant à la commune de tracer des chemins vicinaux jusqu’au rivage ouvrit en fait, on le verra, la voie au futur cantonnement.

    Quant à la route de La Teste au débarcadère, malgré le vœu du Conseil qui la considère comme«très utile pour la marine et le commerce en général», elle ne sera pourtant pas prolongée puisqu'en juin 1847, le Ministre des Travaux Publics la refuse comme n'étant pas «d'intérêt public». Aussi, le 9 octobre 1847, le Conseil revient-il à la charge et fait miroiter l'intérêt de l'Etat (revenus à tirer des maisons qui se construisent et possibilité d'écouler les produits de la forêt moderne vers le débarcadère et le chemin de fer) ; mais il actionne aussi la fibre religieuse (les habitants ne peuvent se rendre aux offices puisque la route ne va pas jusqu'à La Chapelle) et annonce enfin que les propriétaires cèderont leurs terrains.

Nouvel assaut le 6 avril 1848 car la route et des éclaircies dans les forêts de l'Etat «donneraient du  travail à une foule de malheureux». Cet argument est repris par le Ministre qui, le 27 octobre, accorde 000 francs vu «l'urgence qu'il y a à donner pour l'hiver le plus d'ouvrage possible à la classe ouvrière forcée de chômer pendant cette période».

C'était l'année des ateliers nationaux ; la Révolution de février 1848 n'avait pu réduire le chômage né pendant la crise économique de 1847 et la révolte parisienne de juin pesait dans les esprits !

       Le reste du montage financier est lui aussi lourd de menaces pour l'avenir : la commune «trop pauvre, n'ayant même pas la possibilité d'aider par des prestations en nature... !» abandonne sa part du crédit de 6 millions voté par l'Assemblée Nationale bien que ces fonds à venir aient déjà été affectés à l'amélioration de ses chemins.

Quant aux propriétaires, ils s'engagent pour 8.000 francs puis, le 22 novembre, décident d'abandonner gratuitement les terrains nécessaires tandis que le Conseil de Fabrique qui est responsable de Notre Dame promet une contribution.

Les travaux de terrassement ne seront adjugés que le 13 janvier 1849, toujours pour venir en aide aux ouvriers pour l'hiver, «preuve de l'intérêt réel que porte la République aux classes ouvrières et de la ferme volonté où elle est d'améliorer leur sort par tous les moyens en son pouvoir». L'empierrement sera décidé le 15 octobre 1852 avec une participation, pour 9.000 francs, des propriétaires.

Puisque les propriétaires ont contribué aux travaux, ce sont les usagers qui vont faire les frais de l'opération.

 

3) Le classement des chemins forestiers et de la route.

 

En effet, la loi du 21 mai 1836 sur les chemins vicinaux donnait aux préfets le droit de réglementer leur largeur, les alignements, les élagages et écoulements et surtout le droit de construire en bordure.

Deux catégories de chemins vicinaux étaient concernées : ceux de grande communication ou d'intérêt commun, qui dépendaient du Préfet, et les chemins vicinaux ordinaires qui relevaient de l'autorité municipale (règlement du 4 mars 1851). D'autre part la loi du 22 juillet 1791 avait étendu aux routes départementales l'obligation qui existait depuis 1693 pour les routes royales, de soumettre toute construction et clôture à l'alignement.

    Il suffisait donc de faire classer les chemins forestiers en chemins vicinaux, ce qui fut décidé en 1845, réalisé le 23 mars 1846 et complété en 1850 «afin d'assurer une bonne viabilité aux habitants» ; puis de faire classer la route La Teste-Eyrac en voirie départementale et de faire la même chose avec le tronçon Eyrac-La Chapelle, ce qui fut demandé et obtenu le 21 août 1852, à charge pour les propriétaires de verser les 8.000 francs qu'ils avaient souscrits.

    Le tour était alors joué : il n'y avait plus qu'à faire appliquer la loi !

D'ailleurs, les actes de vente de cette période portent souvent la mention suivante : «Si contre toute attente la route venait à ne pas être classée, le vendeur devra laisser à la place un chemin».

    Le 20 juin 1846, la liste des chemins vicinaux ouverts ou aménagés à partir des anciens chemins ruraux est établie en séance extraordinaire du Conseil puis communiquée au Préfet, en application de la loi du 21 mai 1836 et du décret du 20 décembre 1838. Outre le «chemin de la forêt d'Arcachon» vers la Règue Blanque «long de 4.400 mètres et large de 8 mètres» pour le passage des troupeaux, les chemins classés dans la Montagne d'Arcachon sont :

 

              

 

1) le chemin de l'Aiguillon. De la route royale l’entrée de la forêt vers la pointe, en longeant la lisière sud de la forêt au dessus de la limite des pleines mers, long de 830 mètres, (il a 6 mètres de large). C’est, à l’Aiguillon, l’actuelle rue Michelet;

 

2) le chemin Dumora qui menait du coude de la route royale à la mer et devait aboutir sur l'actuel tracé de la rue Coste dans la propriété Dumora. Il avait 140 mètres de long sur 6 mètres de large ;

 

3) le chemin Pontac qui, de la route royale à la mer, passe entre l'établissement Gaillard et la propriété Hovy, 80 mètres sur 6, (c'est l'actuelle rue Hovy).

 

L'absence de chemin intermédiaire est justifiée par le fait qu'un projet de «lotissement» appelé «Dumora-Ville» est programmé entre les deux et que le Conseil préfère «se contenter des ouvertures projetées comme pouvant amplement suffire à tous les besoins de communication entre la plage et la forêt » ;

 

4) le chemin Bel Air. De la route royale à la mer, au couchant de l'établissement Legallais, de mêmes dimensions soit 6 mètres sur 140, c'est la rue de la Gatinerie.

 

5) le chemin de Nelly. Il va du prolongement de la route royale à la mer; long de 70 mètres, il traverse la propriété Deganne, à 90 mètres de la maison Cutler ; c’est l’actuelle rue Grenier.

 

Là encore, il y a entre les chemins 4 et 5 un espace important, mais «les abords de la forêt sont presque partout hérissés de monticules présentant des obstacles continus à l'ouverture des chemins»- toutes ces petites dunes seront rasées lors de la construction de la ville - et la seconde raison, c'est que «le débarcadère, se trouvant situé intermédiairement, suppléera au manque de tous autres chemins... surtout si on établissait à sa droite et à sa gauche une rampe qui acheminerait vers la plage».

 

6) le chemin Laviale, sur la propriété Jehenne. Il relie la route royale à la mer, en passant à 80 mètres à l'est de la maison Moureau. Long de 60 mètres et large de 6, c'est la rue Roger Expert, entre le boulevard et la plage.

 

7) le chemin des Places. Sur la propriété de Duprat Bireban, près de la borne séparative de la propriété Jéhenne, il a 60 mètres sur 6 et relie le prolongement de la route royale à la mer sur l'actuelle rue Sensevin.

 

8) l'Allée de la Chapelle, sur son emplacement actuel, longue de 230 mètres et large de 10 mètres «pour la tenue, deux fois par an des assemblées».

 

Il s'agit donc dans un premier temps des chemins qui vont de l'actuel boulevard de la Plage au rivage et l’on ne peut que féliciter les édiles de l’époque qui ont ainsi réussi à éviter une privatisation et une fermeture complètes du rivage.

 

Le 6 février 1851, dans une nouvelle délibération, le Conseil Municipal y ajouta 11 chemins intérieurs :

 

A) le chemin de la Règue Blanque dont le tracé, bien que perturbé par la construction de la voie ferrée, correspond aux actuels  cours de la Libération puis le cours Desbiey ;

 

B) le chemin qui va du précédent au poste de douanes qu’empruntent aujourd’hui les rues Saint Elme et Thomas Lussan ;

 

C) celui qui emprunte les actuelles rues Tendel et Hovy ;

 

D) le chemin de Bel Air au couchant de l'hôtel Legallais ;

 

E) le chemin du débarcadère : empruntant l'actuelle avenue du Général de Gaulle jusqu'à l'avenue Lamartine. Il se dirigeait ensuite vers la place de Verdun et, par l'avenue de la Libération, rejoignait le chemin de la Règue Blanque.

 

F) le chemin Lavialle, qui, prolongeant celui de 1846, passait au levant de la maison Dasté puis devant la cabane de résinier, et rejoignait celui de la Règue Blanque. Il était large de 5 mètres.

 

G) le chemin Duprat qui, partant de la RD 4, au droit de la rue Sensevin, s'enfonçait dans la forêt. C'est la rue François Legallais.

 

Il classa aussi comme chemins ruraux quatre autres voies «laissées par les vendeurs comme chemins de service ou de dégagement» que la commission estimait à l'unanimité nécessaires aux usagers pour faciliter l'accès dans la forêt.

Trois d'entre elles, larges de 3 mètres, reliaient la route au rivage ; ce sont les prolongements des actuelles rue Léo Neveu (H) (entre Lamarque et Jéhenne), rue Baleste Guilhem (I) (longeant la propriété Devanceaux), rue Saint François d'Assise (J) (entre les parcelles Bersot-Poisson et Larroque). La quatrième était le chemin qui, du bas des escaliers de La Chapelle, allait vers Labat de Ninot et les Abatilles (K), c'est-à-dire l'actuel Boulevard de la Côte d'Argent jusqu'à l'avenue du Parc Pereire.

 

C'est à partir de ce canevas, route départementale et chemins menant au Bassin, que fut poursuivi le réseau des rues arcachonnaises. Si bien que le plan en damier de la ville basse n'est pas né, comme on pourrait le penser, dans le cerveau d'un urbaniste, mais résulte de l'adaptation à la nécessité d’accès à la mer et du raccordement à des voies préexistantes.

 

4) Les autorisations de clôturer.

 

      La première autorisation préfectorale sollicitée et immédiatement accordée le 28 octobre 1848 concerne une palissade de pieux contre l'érosion de la mer chez MM. Durand et Bataillé, à droite de la Croix des marins (à noter que le premier perré maçonné de MM. Richon et Gautier date du 25 septembre 1854). Quant au perré « en blocage » du bout de l’allée de la Chapelle, il fut en partie démoli lors des grandes marées de 1856 qui s’ajoutèrent aux endiguements faits par les riverains lesquels augmentaient l’érosion. Il fut donc reconstruit en « maçonnerie hydraulique » le 10 novembre 1856 pour un coût de 350 francs.

      Mais c'est en 1849, le 13 août, que le testerin Daussy obtint l'autorisation «de clôturer le terrain situé devant sa maison sur le bord de la route de La Teste à Eyrac».

Tous les autres propriétaires suivirent, d'autant qu'en 1847 le Préfet avait rappelé que l'autorisation de clôture le long des routes départementales devait lui être demandée par écrit.

En 1850, 27 autorisations furent ainsi accordées, 11 en 1851, 13 en 1852 et 12 en 1853. A la fin de 1853, toute la façade, sauf 2 parcelles, de l'Aiguillon à La Chapelle, avait été clôturée et depuis la première autorisation, 193 maisons s'étaient élevées contre 46 auparavant. 98 s'y ajouteront en 1854-55.

On ne peut donc plus circuler librement entre le rivage et la mer en dehors des chemins vicinaux  définis en 1846 et 1851 et c'est légal... même si la loi nationale va à l'encontre des droits ancestraux et des transactions locales !

Il ne reste donc plus pour parachever l'appropriation de la montagne usagère, et nous avons vu que ce

fut fait dès 1853, qu'à demander le rachat de droits désormais impossibles à exercer «sur toutes les parcelles clôturées ou qui se clôtureraient à l'avenir» !

 

C) LE RACHAT DES DROITS

 

1 -L'attitude des élus (15)

 

Le maire de Gujan, Eugène Dignac, le 23 août 1853, protestait, on l'a vu, énergiquement contre les atteintes aux droits d'usage ; mais il ajoutait aussi à sa déclaration des propos particulièrement graves :

«En présence des difficultés,... se présente tout naturellement une question des plus sérieuses, une question vitale pour les deux communes : je veux parler du cantonnement Je n'ai pas à la traiter aujourd'hui... mais il faudra nécessairement... adopter cette mesure si salutaire pour tous, ce qui sera un jour le signe certain d'une prospérité nouvelle pour les deux communes. Ce sera un éternel honneur pour celui qui, le premier, mettra sérieusement en avant cette proposition».

En retour, le 10 novembre 1853, La Teste, ignorant la délibération du Conseil gujanais, avait répondu à l'appel du maire Dignac en proposant qu'une commission mixte étudie «l'affranchissement de tous les droits sur la Petite Montagne d'Arcachon», désignant en outre, pour siéger aux côtés de 5 élus gujanais et de 5 propriétaires (dont 2 devaient être d'Arcachon), 5 élus qui furent Lamarque de Plaisance, le maire, Oscar Dejean, Dumora, Mouliets et Moureau qui démissionnera et sera remplacé par Dubernet (30 mars 1854).

Parmi ces élus, il y a 4 propriétaires de la petite forêt, dont le maire. Le 15 novembre, le Conseil Municipal de Gujan constata que les deux délibérations marquaient une «différence essentielle» et que la délibération de La Teste «allait au-delà de celle de Gujan». Il vota donc un nouveau texte dans lequel il déclara : «il n'est nullement entré dans l'esprit de la majorité du Conseil Municipal de Gujan de réclamer l'affranchissement des droits d'usage... mais seulement de réprimer, au profit des communes, les abus graves qui s'y commettent chaque jour... Il ne s'oppose nullement à la nomination de la commission à condition expresse qu'elle ne devra s'occuper que de la fixation amiable avec les propriétaires de l'indemnité revenant soit aux communes pour la privation de leurs droits d'usage, soit à la caisse des propriétaires pour l'aggravation de ces droits d'usage dans les parties restantes des forêts également usagères».

Il semble bien que l'esprit du maire de Gujan et celui de la majorité de ses conseillers n'aient pas été en phase !

Aussi, le 24 décembre 1853, en présence de 12 conseillers (1 était malade et 7 absents sans excuse), Dignac fit nommer une commission «chargée de préparer les bases d'un règlement qui déterminera soit le chiffre de l'indemnité... soit le mode de répartition de cette indemnité».

Le Conseil recommandait «cette affaire au sérieux de la commission : cette dernière devra bien se pénétrer de l'importance d'une question qui résolue d'une manière diffuse ou ambiguë pourrait, en compromettant le présent, engager sérieusement l'avenir».

Après l'adoption unanime de ce texte bien ambigu, le conseil nomma Dignac, Daney aîné, Seinlary, Daney officier de santé et Dumur père, et les commissions des deux communes convinrent avec les représentants des propriétaires du rachat des droits d'usage et du cantonnement de la forêt !

Ainsi donc, le Conseil Municipal de La Teste, représentant légal des usagers, qui refusait de poursuivre en justice les atteintes aux textes, même quand elles étaient avérées, a lui-même encouragé la suppression des droits d'usage, au nom des intérêts économiques généraux, mais au service aussi des intérêts privés représentés en son sein. Il a répondu ainsi au vœu public du maire de Gujan qui n'eut pas, malheureusement pour lui, «l'honneur éternel d'être le premier» à proposer officiellement cette solution puisque son propre Conseil, apparemment, ne le suivit pas immédiatement.

 

2) Les termes du contrat.

 

La commission tripartie adopta le projet le 5 octobre 1854 et les élus eurent alors à se prononcer.

Sur les 14 présents au Conseil Municipal testerin du 24 février 1855, un seul élu vote contre car il estime que l'indemnité est trop faible ; un autre a des scrupules, il vote pour, tout en estimant qu'il n'y avait pas lieu à indemnité «vu les bienfaits qu'apporte Arcachon»; 3 s'abstiennent : Moureau, Peyjehan et Lalesque.

L'accord avait été soumis au Conseil Municipal de Gujan le 21 février ; il l'avait approuvé (3 élus seulement se prononçant contre) en se basant sur la délibération de décembre 1853 et en oubliant celles des mois d'août et novembre 1853.

Il fut ensuite présenté à l'Assemblée des propriétaires qui l'adopta à son tour le 9 avril (déclaration revêtue de 77 signatures, ce qui semble correspondre aux résidents permanents ou à ceux qui s'étaient déplacés) et fit l’objet d’un arrêté préfectoral du 22 Juin.

 

La nouvelle transaction fut signée le 17 Juillet 1855 par Pierre Louis Chéri Edouard Méran et Jean Daisson, syndics des propriétaires d’une part et par Thomas Alphonse Lamarque de Plaisance, Maire de La Teste demeurant à Arcachon et Jacques Paul Joseph Dumeur, armateur de pêche et 1° Adjoint au maire de Gujan, d’autre part, représentants les usagers des communes de La Teste et de Gujan.(16)

 

                                                             

 

Lamarque de Plaisance      

 22.06.1813 Marmande-17.12.1880 Arcachon                                                                                                                                                                                                 Maire de La Teste 1852-1857   

Maire d’Arcachon 1857-1865 et 1874-1876     

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

 

 

 

 

 

 

L'exposé des motifs de cette transaction reprend tous les arguments précédemment évoqués :

« -que le chemin de fer de Bordeaux à La Teste et la chaussée qui le relie avec le Bassin d'Arcachon... ont donné aux bains de mer d'Arcachon une extension telle que dans peu d'années la partie de la forêt qui avoisine le bassin s'est couverte de magnifiques maisons et de superbes jardins d'agrément ;

-que cette forêt étant soumise à un droit d'usage en faveur des habitants de La Teste et de Gujan, ce droit d'usage est devenu incompatible avec la destination nouvelle du sol, car l'usage qui consiste à prendre du bois dans la forêt et à y faire pacager le bétail ne peut plus s'exercer utilement dans les parties de cette forêt occupée par des constructions, par des jardins d'agrément ou autres ;

-que le succès des bains de mer allant toujours croissant, la côte d'Arcachon est appelée à une prospérité capable de lui donner un développement et des proportions considérables et dans un avenir prochain une cité gracieuse aura remplacé sur les bords du bassin l'antique forêt usagère de ce lieu ;

-que cette transformation étant due à des circonstances heureuses et étant en quelque sorte le résultat de la force des choses, il y a lieu de faciliter son essor par les moyens les plus propres à assurer l'avenir de cette localité ainsi métamorphosée ;

-que l’un de ces moyens réside dans l’affranchissement des droits d’usage …puisqu’il est vrai que l'exercice de ce droit est gênant pour celui qui le souffre et peut à certains égards être un obstacle au complet succès des bains de mer qui contribuent si puissamment à la prospérité naissante de la localité, prospérité qui doit être encouragée dans l'intérêt de tous, ayant pour objet, en grandissant, de faire le bien-être de toutes les populations du littoral en donnant de la vie et de l'importance à toute une contrée… »

 

La transaction prévoyait donc dans son article 1, que « le droit d’usage… sur la petite forêt d’Arcachon

pourra être racheté par les propriétaires du sol sur les parcelles de cette forêt bâties et closes ou qui pourraient l’être à l’avenir, sans que cette faculté puisse s’étendre au-delà des limites de cette forêt.»

Cela excluait donc de l’accord les parcelles de la petite montagne non soumises au droit d’usage ainsi que les semis de l’Etat situés dans le futur territoire communal.

L’article 2 précisait que ce rachat concernerait « le sol des constructions, les terrains clos, les allées et voies publiques »Il contredisait donc l’article 1qui précisait que seul était racheté le droit d’usage, ce qui entraîna une vigoureuse protestation de l’ancien Maire de La Teste de 1821 à 1830, Jean Baptiste Marsillon Lalesque, dit Lalesque père, qui, dans un mémoire imprimé(17), protesta avec juste raison, contre cette rédaction de l'article 2 qui parlait «du rachat du sol», alors que les ayant-pins en étaient déjà propriétaires depuis 1746 !

L’article 4 fixait le prix du rachat à 300 francs l'hectare. Bonne affaire quand on sait que les parcelles se négociaient alors autour de 5.000 à 6.000 francs l'hectare, grevées de droits. Le montant du rachat ne représente donc que 5 à 6 % de leur valeur.    

L’article 8, très important  interdisait aux «possesseurs, à leurs  successeurs et ayant cause, des terrains rachetés » de «prendre dans le reste de la forêt le bois vif pour les constructions et clôtures qu’ils voudront faire dans les propriétés ainsi dégrevées ». Ils ne conservent, en compensation, que le « droit de prendre pour leur chauffage dans les forêts usagères de La Teste le bois mort, sec, abattu ou à abattre et cela à perpétuité qu’ils soient ou non habitants des communes usagères, pour leurs besoins des maisons construites ou à construire sur les terrains rachetés »

Ce droit donné à tous les nouveaux habitants, en contradiction avec les textes anciens, entraîna, là aussi la protestation énergique de monsieur Lalesque

Les droits d’usages sont donc supprimés sur les seules parcelles usagères rachetées et closes (les articles 10 et 11 précisent en effet que les fond non clos et ceux qui, même clos, n’auraient pas été rachetés, resteraient soumis aux droits d’usage.

De plus,  ces propriétaires perdent leur droit au bois vif pour construire sur les parcelles rachetées.

Mais l’article 12 précise «  la présente transaction ne s’occupant que  de certaines parties de la forêt d’Arcachon qui font l’objet des présentes, et étant tout à fait spéciale et particulière à ces parties de forêt, les droits résultant pour les propriétaires ayant pins et non ayant-pins des transactions locales demeurent entiers pour les uns et les autres en ce qui a trait à toutes les autres parties de forêts usagères ».

Quand la commune fut créée en 1857, il fut précisé dans l’acte de séparation « sans préjudice des droits d’usage ou autres qui pourraient être respectivement acquis ».

         Si on  suit à la lettre le texte de 1855, on pourrait considérer que les propriétaires des  parcelles rachetées ainsi que les arcachonnais non propriétaires habitant ces parcelles  conservaient leurs droits sur les autres parties de la forêt et qu’ils pouvaient donc demander du bois d’œuvre dans l’actuelle forêt usagère de La Teste sans pouvoir l’utiliser dans les parcelles cantonnées.

C’est ce qu’avait reconnu en 1902 un auteur qui fait autorité, Roger Delage ([1]8),  mais il ajoutait :  « Malgré les termes de ces actes on a toujours considéré la transaction de 1855 comme enlevant à tous les habitants d’Arcachon les droits  d’usage autres que le droit au bois de chauffage. C’était peut-être en réalité l’intention des contractants »Ce commentaire est à rapprocher des protestations de Lalesque, qui déclarait être « au nombre des plus gros propriétaires des forêts usagères» et qui était, depuis 1838, un des premiers lotisseurs d’Arcachon ; on constate en effet qu’à propos de cet article 12 il ne conteste toujours que le droit au bois de chauffage.

 

A ma connaissance, depuis 1855, le problème ne s’est jamais posé, je n’ai en effet, jamais trouvé dans les

archives locales de document concernant des demandes de bois d’œuvre par des

habitants d’Arcachon quel que soit leur lieu de résidence.

 

La Petite Montagne Usagère d'Arcachon avait vécu, sous la pression conjuguée des propriétaires du lieu, des élus de La Teste, souvent les mêmes d'ailleurs, mais aussi de ceux de Gujan bien qu'ils soient les représentants légaux des usagers.

 

Lamarque, montrant l'exemple, fut le premier à racheter ses droits, devant notaire, le 11 août 1855.

 

 

3) L'attitude de l'Etat

 

Mais cette opération bénéficia aussi de la bienveillante complicité des représentants de l'Etat. Ainsi Haussmann, préfet en 1851, est l'ami de Lamarque, qu'il connaît depuis 1835, et vient tous les mois d'août, à Eyrac.

Et si certains services comme les douanes protestèrent le 8 septembre 1847 contre le fait que«les établissements de bains avancent tellement sur le bassin que la libre circulation en est empêchée», rien n'entrava l'urbanisation.

Cette bienveillance fut manifeste lorsque le 21 juin 1850, le Préfet accorda à Gaillard jeune une concession sur le rivage d'Eyrac. Cette concession avait été pourtant refusée par le Conseil Municipal de La Teste, le 11 mai 1850, au motif que «le terrain, couvert journellement parla marée, forme une espèce d'anse, refuge aux nombreuses embarcations qui font la pêche et qui hivernent et tendent leurs filets pour le séchage ; que c'est le point le plus central pour les embarquements et débarquements et que le site fait partie intégrante du bassin».

Mais le Préfet rejeta la demande du Conseil.

 

D) LA RÉACTION DES USAGERS

 

1) Les réactions collectives.

 

Il est très difficile, faute de documents, de savoir ce qu'ont pensé les habitants de ces événements qui bouleversaient leur paysage et leurs traditions mais plusieurs éléments sont à considérer :

-Arcachon est loin, malaisé d'accès, et la tendance générale est plutôt d'exercer ses droits dans la Grande Montagne, plus proche.

-la Sentence arbitrale de 1794 confirmant, au nom des Droits fondamentaux de l'Homme, le caractère privé de la forêt  a certainement démobilisé ceux qui, non ayant-pins, n'avaient pas compris le vrai caractère de la Révolution, et avaient cru pouvoir transformer la forêt usagère en forêt communale, ce qui aurait eu, si l'on se réfère aux autres communes du Pays de Buch, pour effet vraisemblable la suppression encore plus rapide des droits !

-le XIXe siècle est beaucoup plus porté que le nôtre au respect du notable et du propriétaire. La Monarchie de Juillet a, comme l'a dit après d'autres François Furet, installé un système «qui a vocation à reposer ouvertement sur les intérêts des particuliers»(19). L'idéologie ambiante incite ainsi les habitants au respect d'une propriété qui non seulement est consacrée depuis longtemps, mais qui, de plus, n'empêche pas d'exercer les droits d'usage.

-de plus, cette époque ne permettait pas l'exercice des libertés élémentaires : pas de droit à manifester ni à se réunir, ni à créer des associations.

-d'autre part, les propriétaires sont maîtres des municipalités et, depuis l'an 2, il n'y a plus de syndics des usagers ; c'est ainsi que, le 6 mars 1826, c'est au Préfet que les habitants de La Teste durent s'adresser (20) pour simplement avoir l'autorisation de se réunir, allées de Tournon, le 16 avril, après la messe, afin d'appliquer les textes ancestraux et d'élire des syndics «pour faire cesser les abus».

Ce n'est qu'en 1845, le 13 décembre, que le Conseil Municipal testerin se décide enfin à nommer, par 8 voix sur 14, MM. Mouliets et Meynié comme syndics des usagers, puis à proposer à Gujan la  nomination d'un second garde champêtre, chargé essentiellement de la Forêt d'Arcachon. Ces nominations sont faites en application des «nouvelles institutions» -elles ont neuf ans !!- et à cause de la nécessité de réprimer «les nombreux abus qui se commettent dans les bois», abus dont,

dit le maire, les conseillers «gémissent» car ils enlèvent «aux Communes les ressources qu'elles retirent des forêts»

Le Conseil Municipal de Gujan avait, quant à lui, désigné ses syndics dès le 3 novembre 1836, nommant Pierre Daney, officier de santé et Martin Cameleyre, le maire. Ils furent réélus le 10 mai 1840 puis de nouveau le 8 février 1844. II semble d'ailleurs qu'à Gujan l'institution n'avait pas été abandonnée puisque, le 10 décembre 1826, avaient été nommés deux syndics des usagers : Bertrand Daisson Verduron et Martin Jules Cameleyre. Quant au deuxième garde-champêtre, le premier étant

Testerin, ce fut donc un Gujanais, le charpentier Jean Dutruch. Il fut nommé le 5 août, accepté par La Teste le 17, et ses émoluments, 500 francs par an, partagés entre les deux communes(21).

 

2) Les réactions individuelles

 

Les réactions collectives étant impossibles puisque les Conseils Municipaux représentaient légalement les usagers depuis la loi du 18 juillet 1837 (Article 19), restent les réactions individuelles : on n'en connaît que deux, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en eut pas d'autres.

L'une eut lieu en 1852 quand, dans la nuit du 5 mars, des chênes qui bordaient l'allée de la Chapelle furent abattus.

 

                           

                                  Léo Drouyn : l’allée de la Chapelle vers 1848 (AM Bordeaux)

                   A gauche, un barque pour                                           à droite, le puits et la

                  faire la « tormentine de soleil »                            cabane du résinier de M. Lalesque

                                                                                                                  

                                                                                                                             

Bien qu'objet plus tard d'une polémique féroce entre Deganne et le maire Lamarque de Plaisance, on ne trouve pas trace de cet évènement dans les registres municipaux alors que, d'après ces personnalités, l'affaire avait soulevé «l'indignation générale». En 1858, Oscar Déjean l’évoque lui aussi: «depuis le bas de cet escalier (qui conduit à Notre Dame) jusqu’au bord du Bassin, s’étendait autrefois une superbe avenue de chênes séculaires. Par un déplorable abus du droit d'usage on a abattu ces magnifiques arbres en 1852 pour les remplacer par des marronniers (22).

A sa suite, en 1859, Henri Ribadieu précisa, quant à lui : «nous devons à ce terrible droit de coupe la disparition d'une magnifique allée de chênes qui il y a 10 ans tombèrent sous la hache aveugle des bougès»(23)

Pourtant, en 1909, l'Abbé Petit, bien que très hostile aux usagers, minimise l'affaire, affirmant que les constructions nouvelles en avaient déjà mis à mal la plupart et réduisant le chiffre à quelques unités survivantes !(24). Son affirmation est d'ailleurs inexacte car, avant cette date, nous n'avons relevé que deux ventes de parcelles le long de l'Allée de La Chapelle. L'affaire, pourtant restée célèbre, est donc pour le moins obscure.

C’est le mérite d’André Rebsomen (25) d’avoir rétabli en partie la vérité : il précise que l’abattage a été effectué par M. Moureau père et que les chênes servirent « en partie à la construction d’un bateau de plaisance ». Il constate aussi que cette « œuvre de destruction » avait commencé dès 1847 après la vente par M. Lalesque des terrains à des particuliers dont il cite les noms. mais dont les achats sont, d’après les actes notariés concernant la parcelle de Bos, postérieurs à la date du 5 Mars ! Seul le pâtissier Dehilotte Ramondin avait à cette date acheté la parcelle située à l’angle de l’actuel cours Lamarque et de l’allée de la Chapelle (Décembre 1851)

Plus près de nous, Jacques Ragot, reprend la même idée mais, en ce qui concerne la coupe des derniers arbres en 1852, il affirme, de façon gratuite, que « des usagers testerins étaient venus les couper durant la nuit, seul moyen trouvé pour protester contre la violation de leurs droits par les nouveaux venus dans le pays ».

En réalité, toute la partie ouest de l’allée de la Chapelle avait été vendue le 21 Août 1851 au chanoine Gustave Montariol, secrétaire général de l’archevêché dont le mandataire était  Jacques Etienne Moureau, capitaine au long cours. Quant à l’allée elle-même, large de 10 mètres, elle avait été classée comme chemin rural en 1846. Il est donc très vraisemblable que les arbres coupés l’aient été, par son mandataire, chez le chanoine Montariol, propriétaire de la parcelle.

La seconde réaction, plus tardive puisque de janvier 1854, est dirigée contre Deganne. Elle manque d'ailleurs son but puisque le responsable, Martin Bouscaut, «coupe des chênes dans une parcelle non soumise aux droits d'usage». Il s'agit de la parcelle de Binette, située au Sud-ouest de Notre-Dame.

Interpellé puis relaxé, ce jeune homme, invalide de guerre, s'en va chantonnant à Deganne lorsqu'il le croise : «Ces arbres sauteront et il sautera aussi».

Pendant trois jours, il saccage, alors, aidé de sa mère qui réclame 300 francs pour stopper le carnage, le jardin anglais et le cabinet de verdure de Nelly et poursuit son œuvre, clamant qu'il en a le droit, malgré l'intervention des autorités locales alertées qui lui dressent un procès-verbal. Jugé à Bordeaux, il sera condamné, la nouvelle destruction s’étant exercée près de la maison de Deganne, dans une parcelle cette fois usagère.

Il s'agit donc vraisemblablement d'une vengeance personnelle mais c'est peut-être aussi une réaction contre un des plus gros lotisseurs d'Arcachon. Elle témoigne cependant comme nous l'avons déjà constaté du refus implicite de nombre d'usagers d'admettre que toute la forêt ne soit pas usagère. Mais dans ce cas cette protestation musclée ne pouvait être que symbolique puisque la procédure de cantonnement était engagée depuis deux

mois !

 

                                                       Adalbert Deganne ( Vertus 1817-Arcachon 1886), Ingénieur des Chemins de fer.

                                                                       Epoux de Nelly Robert, propriétaire à Arcachon (1845)

                                                                           Maire d’Arcachon : 1870-71 et 1876-1880

                                                   In F. Montigaud « Arcachon depuis sa création » 1908-BM Arcachon-

 

Rien d'autre n'apparaît dans les registres municipaux.

Faut-il donc croire, comme l'affirmait unanimement le Conseil Municipal en 1848 que les usagers se sentent effectivement «dédommagés de leurs droits par le bien-être qu'apportent dans le pays les travaux» de construction qui se multiplient sur le site de la future commune?

C'est très vraisemblable, d'autant qu'il reste pour l'usage les 3.800 hectares de la Grande Forêt, mais seule une étude économique des conséquences de cette création sur la population testerine pourrait le démontrer. Elle reste à entreprendre.

 

 

NOTES

 

1 Procès Sémiac Brannens, Archives municipales de La Teste.

2 R. Aufan et F. Thierry, « Histoire des produits résineux landais », SHAA, 1990.

    Voir aussi le site web : « brais.poix.chez.tiscali.fr »

3 Transaction de 1759 AD Gironde 3E 5474, notaire Duprat.

4 Matrice cadastrale de La Teste. Etat des sections. AM La Teste.

5 AD Gironde 3E 22641, Me Peyjehan.

6 AD Gironde 3E 25164, Me Soulié.

7 AD Gironde 3E 25152, Me Soulié.

8 AD Gironde 3E 25169, Me Dumora.

9 AD Gironde 3E 31210, Me Dumora.

10) AD Gironde 3E 31211, Me Dumora.

11) Tous les renseignements sont tirés des archives municipales de La Teste de Buch (registres du 

     Conseil Municipal, registre des arrêtés du Maire, dossiers thématiques).

12 Matrice cadastrale, AM La Teste.

13 Voir N° 11.

14 AM La Teste, l W 64.

15 Registres des Conseils municipaux de La Teste et de Gujan Mestras.

16 AD Gironde 3E 2121, Me Dumora.

17 LaIesque père, « Réfutation du rapport sur le rachat du droit d'usage dans la Petite forêt 

     d'Arcachon » Bordeaux, J. Dupuy, 1856.

18 Roger Delage «Du droit d’usage dans la forêt de La Teste de Buch» Bordeaux, Cadoret 1902

19 F. Furet, « La Révolution 1770-1880 » in « Histoire de France », Hachette, 1988.

20 A.M. La Teste, registres du Conseil Municipal.

21 A.M. Gujan, registres du Conseil Municipal.

22 Oscar Dejean, op.cit.

23 Henri Ribadieu «Un voyage au Bassin d'Arcachon », Paris J. Tardieu, 1859.

24 Abbé Petit, «Le Captalat de Buch pendant la Révolution française», Féret et fils, Bordeaux, 1909

25 André Rebsomen, « Notre-Dame d'Arcachon », Delmas, Bordeaux,1937,